EN SAVOIE DES APANAGES
DONJONS CYLINDRIQUES ET ENCEINTES CARREES

      

Le numéro 41 (mars 2007) de la revue Châteaux-Forts d’Europe est consacré aux châteaux à donjon cylindrique et plan quadrangulaire dans la Savoie des apanages. Il est présenté à l’occasion du 13e Congrès Castellologique (Annemasse). Deux études se succèdent par ordre chronologique.

La première étude concerne principalement le Pays de Vaud savoyard et ses opposants au XIIIe siècle. La Savoie est un Etat relativement récent fait d’une mosaïque de régions rassemblées à partir des XIe et XIIe siècles par la volonté d’une dynastie sur les dépouilles de l’ancien royaume de Bourgogne. Il se trouve au contact de diverses aires culturelles entre Germanie, Italie et Royaume capétien. S’il est un carrefour de rencontre, un passage et un creuset, il heurte aussi des intérêts si divergents que sa situation reste longtemps conflictuelle sur toutes ses frontières.

Cet agrégat hétérogène, en partie discontinu et aux contours très découpés, aurait pu être conduit à l’éclatement par des forces centrifuges. Mais à partir du milieu du XIIIe siècle, un système d’apanages et une administration centralisée s’appuyant sur un réseau serré de châteaux et de villes neuves jettent les bases d’un Etat moderne.

Le sujet ici est le grand front occidental et septentrional où les comtes se heurtent à des comtes qui se réclament de l’immédiateté d’Empire (Genève et Gex, Nyon, Montbéliard, Zähringen-Kybourg). Ces seigneurs hérissent à partir de 1233 les frontières de donjons-beffrois cylindriques sur le modèle de ceux des empereurs pour faire front à la volonté expansionniste en Pays de Vaud et Genevois de Pierre II de Savoie et de ses successeurs. A partir du dernier tiers du XIIIe siècle, les comtes savoyards affirment leur souveraineté dans le paysage au moyen du modèle capétien, une enceinte quadrangulaire à flanquements circulaires d’angle, dont l’un est un donjon cylindrique habitable, qu’on appelle localement « carré savoyard ».

La seconde étude est consacrée à l’apanage de Piémont-Achaïe et à ses châteaux comme instruments de la politique territoriale au XIVe siècle. Les nouveaux châteaux participent au contrôle des vallées alpines et des voies vers la mer. Le propos est de restituer l’aspect originel des architectures à partir des comptabilités des chantiers.

Certains châteaux comme celui de Pignerol (Pinerolo) sont d’une piètre valeur militaire et servent surtout de résidence à la cour. Le complexe palatial est augmenté d’un centre administratif, le tout servant en quelque sorte de capitale. A Turin (Torino), par contre, on construit une véritable citadelle destinée à contrôler la ville. Le pôle fortifié, proche du quartier épiscopal, est à cheval sur l’enceinte urbaine. Les défenses urbaines sont partiellement démantelées pour fournir les matériaux de construction pour ce nouveau château.

L’organisation de la principauté apanagée de Savoie-Achaïe entraîne une transformation physique du territoire. En 1323-24, on assiste à la naissance de nouveaux centres fortifiés parfois en remplacement de châteaux seigneuriaux préexistants dans le ressort de Pignerol. En peu de mois, presque tout le territoire de la principauté bénéficie d’opérations économiques afférentes à des chantiers de châteaux et de villes neuves. On assiste aussi à des restructurations agraires et à l’instauration de marchés. L’étude de l’architecture du XIVe siècle de ces châteaux doit tenir compte des éléments préexistants et des transformations postérieures. Quant aux châteaux disparus, leur reconstitution est entièrement tributaire de la difficile interprétation de l’iconographie ancienne et des informations fournies par les fouilles archéologiques.

 


56 pages, 104 illustrations, photos, gravures et plans.

 

Les auteurs : Charles-Laurent SALCH, Andrea LONGHI

 

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