LE CHATEAU SYMBOLIQUE 1 |
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Le n°27 (septembre 2003) de la Revue Châteaux-Forts d’Europe est consacré au Château symbolique, c’est-à-dire aux sources des symboles architecturaux qui conditionnent l’aspect des châteaux. L’architecture castrale n’est pas seulement militaire ; elle obéit aussi à d’autres règles et participe du prestige et de l’apparat du seigneur. Son évolution n’est pas linéaire et ne va pas de la forteresse vers la résidence, mais intègre le plus souvent les deux aspects. Le problème qui se pose au maître-d’oeuvre est d’élever une architecture immédiatement reconnaissable parmi les églises, les abbayes, les palais urbains, comme étant le seul lieu du pouvoir. Des représentations picturales réalisées depuis le Xe siècle lui fournissent en outre des modèles qui lui permettent de signifier que le prince se place au-dessus des autres hommes. Il s’agit de conférer avec des arguments théologiques un caractère quasi sacré à l’édifice, tout spécialement à partir du moment où le pouvoir de droit divin lui est contesté par les clercs, les moines et le pape. Certains historiens s’irritent du fait que l’on puisse démontrer que les architectures castrales soient symboliques. Cependant, il ne faut pas confondre symbolique et ésotérisme. Il ne s’agit pas de mystère, de valeur cachée ou de magie. Au contraire, il s’agit de trouver les images qui avaient aux XIe et XIIe siècles une acception facile à comprendre par un grand nombre. Elles sont significatives du sens que la société d’alors donnait au christianisme. Ces images illustraient des livres, mais elles servaient de maquettes aux fresquistes et aux sculpteurs qui en couvraient des lieux de culte très fréquentés comme les pèlerinages et les cathédrales, mais aussi un grand nombre d’églises jusque dans des campagnes reculées. Ces représentations deviennent de véritables affiches de la propagande du pouvoir impérial. Le questionnement concerne alors la manière dont les images sont traduites à grandeur d’architecture. Ce passage ne se fait sans doute pas avant la fin du XIe siècle et prend une ampleur exceptionnelle durant le XIIe siècle. Il semble consécutif à la Réforme grégorienne qui rend la portée des images impériales insuffisantes sinon caduques au moyen de ses contre-images. On est ainsi poussé à la matérialisation des mises en scène, à la construction en pierre du « temple impérial ». 48 pages, 71 illustrations, photos, gravures et plans.
L'auteur : Charles-Laurent SALCH
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