Châteaux et tours à signaux

des côtes de la Provence en 1323

Le n°21 (mars 2002) de la Revue Châteaux-Forts d’Europe est consacré à la défense des côtes de la Provence centrale en 1323. L’étude est présentée à l’occasion du 8e Congrès Castellologique (Toulon) en mai 2002.

Au début du XIVe siècle, la Provence est inquiétée par les Barcelone-Aragon (les « Espagnols ») dans le cadre des guerres qui les opposent aux Anjou pour la domination du mezzogiorno italien. Un haut fonctionnaire part de Tarascon pour se rendre à Nice, avec pour mission de prendre au passage toutes les mesures pour la remise en état des fortifications, de veiller à leur approvisionnement en armes et en vivres. Les seigneurs sont menacés de retrait de fief si les mesures ordonnées ne sont pas exécutées. Mais surtout, dans cette société où le droit de porter les armes est réservé à une classe militaire, où il est interdit au peuple de posséder des armes de guerre, on assiste à cette chose incroyable, on oblige les paysans à s'armer.

La mise en état des castrum n’est pas suffisante. Sur les côtes du Var, du Cap de l’Aigle à Saint-Raphaël, se déroulent environ 230 km de côtes accidentées, avec des golfes profonds et des caps saillants sans compter les îles. Les ports sont ouverts, sans défense, et les points de débarquement nombreux. Dès la seconde moitié du XIIIe siècle, des vigies sont installées pour alerter les ports les plus importants ; entre 1302 et 1323, des farons sont établis sur des points stratégiques. Les tours à signaux sont dressées tous les dix kilomètres environ, dans les zones où le tissu fortifié est trop lâche et elles ont pour mission d'avertir les châteaux qui sont sur les hauteurs au moyen de fumées le jour, de feux la nuit, pour annoncer l'approche des galères ennemies et leur nombre. Elles sont à environ 6 km des châteaux à prévenir et ne sont en général pas faites pour communiquer entre elles (sauf les relais). Contrairement aux tours à signaux du Roussillon, il ne s’agit donc pas de réseaux de longue distance pour informer un poste central de commandement. Cependant, ces relais sont établis sur des lieux élevés et si nécessaire sur les montagnes dominant la mer de loin. En 1326 et 1327, puis tout au long des XIVe et XVe siècles, les dispositions sont complétées. Dans certaines tours sont installés des gardes permanents.

L'étude est accompagnée d’un recensement d’archéologie monumentale et d’un lexique qui met en évidence les différences d’armement et de vocabulaire entre l’ouest rhodanien et l’est ligure de la Provence.

 

87 illustrations, photos, gravures et plans.

 

L'auteur : Charles-Laurent Salch

 

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