La Tour de Bours Château d'artifice |
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Le n°20 (décembre 2001) de la Revue Châteaux-Forts d’Europe est consacré à un type de maison-forte qui connaît une assez vaste aire de diffusion en France dans la seconde moitié du XIVe et au XVe siècle : le donjon-logis à tourelles circulaires d’angle. La Tour de Bours, dans le Pas-de-Calais, est un édifice modeste dans sa réalité (80 m² d’emprise au sol), impressionnant dans sa mise en oeuvre. Une sévère limitation des défenses est compensée par un plan réfléchi, une circulation astucieuse, une grammaire esthétique et une habile adaptation intérieure aux modèles princiers. L’appareil guerrier est limité à une riposte rapprochée : des meurtrières assurent la surveillance des fossés et un couronnement de mâchicoulis (maintenant disparu) interdisait la manoeuvre du bélier et l’échellement des murs. Particulièrement, la protection de la porte paraît des plus sommaires. Cette absence d’appareil militaire est compensée par une circulation conçue pour dérouter un assaillant. Les deux premiers niveaux sont des culs-de-sac qui communiquent difficilement avec les étages. L’escalier en vis qui dessert les niveaux supérieurs est un organe indépendant facile à surveiller. Le couronnement est en outre directement relié aux appartements seigneuriaux par un accès supplémentaire au cas où la vis deviendrait incontrôlable. A l’extérieur, un appareil régulier assez grand et une redondance de moulures n’affichent pas seulement la richesse mais constituent une ostentation de nouveauté. Le nombre de tourelles (6 au lieu de 4) accentue l’aspect massif et guerrier tandis que leur diamètre dégressif donne l’illusion d’un édifice rectangulaire (alors qu’il est presque carré) beaucoup plus grand qu’il n’est en réalité. A l’intérieur, la répartition des espaces habitables montre à la fois une grande habileté et une étonnante modernité. La grande salle avec sa fenêtre à croisée est dotée de tribunes selon des canons bourguignons qui viennent juste d’arriver en Artois et Flandre. Les chambres sont organisées en «suites», en appartements individualisés répartis autour des grandes pièces communes. La Tour de Bours est un parfait «château d’artifice». Ses dimensions sont si modestes qu’il fallait au maître-d’oeuvre un savant art de l’apparence pour intégrer tout du palais et de la forteresse. Mais ce «château» se distingue largement à son avantage de constructions similaires comme Anjony, Condé ou Sarzay.
106 illustrations, photos, gravures et plans.
L'auteur : Frédéric Sartiaux
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